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Paréage 
de
 
Castillonnès. .
 
Nombreuses sont les bastides qui résultent d'un contrat de paréage entre l'ancien "propriétaire" et le nouveau. Ici à Castillonnès : en 1259, l'abbaye de Cadouin et les frères seigneurs de Mons.
Une autre formule est celle de la cession pure et simple, souvent utilisée par Alphonse de Poitiers. Comme à Monflanquin.
"Sachant tous qu'arrivant en présence de noble Guillaume de Bagnols, chevalier, sénéchal d' Agenais et de Quercy pour l'illustrissime seigneur Alphonse, fils du roi de France, par la grâce de Dieu comte de Poitiers et de Toulouse, religieux homme maître Hélias, par la grâce de Dieu abbé de Cadouin, avec le seigneur Bertrand de Mons, chevalier, et Arnaud de Mons, son frère, seigneurs de Castillonnès, reconnurent et avouèrent, en présence des témoins souscrits, appelés et requis ad hoc, librement, spontanément et assurés de leurs droits, qu'eux et leurs prédécesseurs tenaient depuis longtemps en fief du dit seigneur comte et de ses prédécesseurs, la colline et le domaine de Castillonnès, proches de la rivière appelée le Drot, avec toutes les terres en cultures ou incultes dépendant de ce domaine, où qu'elles soient, et qu'ils doivent faire hommage au seigneur comte d'un faucon d'acapte lors du changement de seigneur, savoir l'abbé pour les deux tiers et les dits frères du reste". 

 

"Comme ce domaine était situé dans un pays peuplé de gens pervers, c'était depuis longtemps un lieu désert, des pillards, des larrons et de mauvaises gens y demeuraient, ainsi que dans ses dépendances, au point que les travailleurs et les gens de bonne réputation ne pouvaient et n'osaient y vivre, les bras de leurs seigneurs n'étaient pas tendus avec assez de vigueur pour pouvoir y maintenir la paix et protéger ce lieu de leurs ennemis malfaiteurs"
"Voulant, désirant que la vertu de paix et de con­corde régnât dans les dits lieux, de manière que pour 1'honneur de Dieu et de la glorieuse Vierge, sa mère, et de notre sainte mère l'Église, une ville y fut bâtie, dans laquelle et par laquelle les divins offices fussent célébrés dans les églises pillées des environs, et que les dîmes et que les prémices des fruits de la terre fussent donnés, et que d'autres biens en arrivassent en l'honneur de Dieu, de sa mère et pour l'accroissement du nom chrétien, et afin que les guerres et leurs pièges, les brigands et les mauvais sujets, par le secours de la dite ville, pussent être repoussés plus loin, et que la vertu de paix et de concorde régnât dans les dits lieux".
 
"Les dits seigneurs ont donné et cédé par une vraie et irrévocable donation, faite entre vifs, non feinte ni cachée et ne devant jamais être redemandée pour ingratitude ni pour autre cause, au susdit sénéchal au nom du comte susdit, et pour lui recevant, les dits coteau et château, ou domaine de Castillonnès, autant seulement qu'il en sera besoin et nécessaire pour construire une ville selon le jugement et connaissance de Gautier de Rampoux, bayle de Monflanquin et de maître Ponce Maynard. Les susdits et maître Pons et Gautier placeront des bornes de pierre autour des dits coteau et château, entre lesquelles bornes, la dite ville sera bâtie selon la connaissance et avis des mêmes, laquelle ville soit toujours de la propriété et du domaine du comte susdit et de ses successeurs".
 
"De la manière susdite ont aussi donné et cédé les seigneurs abbé et Bertrand et Arnaud de Mons, frères, au dit seigneur sénéchal, au nom de mon dit comte, toutes les justices séculières dans les actions réelles et personnelles qui auraient jamais été ou pourraient être 4ans toutes et chaque terre et lieux qu'ont ou pourront avoir ou auront jamais les dits seigneurs abbé et Bertrand et Arnaud son frère, dans le domaine de Castillonnès, ses alentours, sa terre et son 'détroit', dans le terroir de la ville qui sera construite sur cette colline".
 
"Ils ont donné de plus en la manière susdite, au même seigneur sénéchal au nom du même comte, autant de terre inculte, des terres qu'ils ont aux environs de ladite colline, qu'il sera nécessaire pour une vigne, un jardin et un pré, à la mesure du dit comte, de bonne foi, selon l'avis des dits Gautier et maître Ponce susdits; et toutes les autres terres, bois, eaux, moulins, viviers et les droits que les dits seigneurs, abbé et Bertrand et Arnaud, son frère, avaient et devaient avoir, hors les susdites bornes, ils les ont retenues à perpétuité pour eux et leurs héritiers, excepté 1a justice des actions personnelles qu'ils ont donnée, comme il a été dit au susdit comte".
 
"Se sont donc réservés, les dits seigneurs abbé et Bertrand et Arnaud de Mons son frère, pour eux et leurs successeurs, du consentement et volonté du même seigneur sénéchal, trois lieux ou emplacements pour bâtir des maisons et leurs dépendances, l'un pour le dit abbé, et l'autre pour les dits Bertrand et Arnaud son frère, et l'autre pour seigneur Bertrand Vitarel, chevalier, beau-père du dit Bertrand, et pour leurs successeurs; lesquels lieux soient et demeurent aussi bons et grands que les dits Gautier et Me Ponce le reconnaîtront juste, et selon que les dits lieux et emplacements, qu'ils garderont et posséderont comme leurs, pour eux et leurs héri­tiers, pour toujours, librement, sans aucun cens ni autre devoir, tout service acquitté paisiblement et calmement, en sorte que les emplacements mêmes, ou lieux, et toutes les constructions qui y seront faites, soient du fief et de la seigneurie du seigneur comte susdit, avec les autres fiefs qu'ils tiennent de lui, eux qui désormais, seront reconnaissants et fidèles au seigneur comte et à ses successeurs"
 
"Dans l'un des dits lieux ou emplacements, les seigneurs abbé et Bertrand et son frère pourront bâtir un four polir cuire leur pain et celui de leurs proches, lequel four leur appartiendra en propre, et à leur successeurs, paisiblement, mais les pains des autres n'y seront pas cuits, réservé qu'il sera à eux et à leurs successeurs. Et que les autres fours, les oblies, les acaptes des ventes et les laudes et tous les autres droits domaniaux qui existeront entre les dites bornes, soient toujours, comme ils doivent l'être, avec toute la ville qui sera bâtie entre les dites bornes, du seigneur comte même et de ses successeurs, de plein droit, sans aucun empêchement".

"Et toutes les autres terres, forêts, moulins, eaux, viviers, et toutes autres choses et droits des actions réelles, quelles qu'elles soient hors des dites bornes seront pour toujours aux dits seigneur et abbé, et Bertrand et Arnaud, son frère, de la même manière qu'ils étaient et selon qu'ils étaient leurs, avant la présente donation, excepté la justice des actions personnelles et la terre pour un pré, un jardin et une vigne; laquelle terre et justice, ils ont donné, comme il a été dit au seigneur comte".

"Et le dit comte et les siens aimeront, les mêmes, et les garderont et défendront de bonne foi eux et tous leurs biens comme leurs fidèles".

"Les dits seigneurs abbé et Bertrand et Arnaud de Mons ont aussi fermement promis au susdit seigneur sénéchal, par une ferme et légitime stipulation, et lui ont fait un contrat d'investiture selon lequel eux-même, leurs chevaliers et damoiseaux donneront à fief les terres qu'ils ont autour de ladite colline; et entre les bornes qu'assigneront les dits Gautier et Ponce, à ceux qui habiteront dans les dites bornes, pour que les habitants aient où travailler, à savoir chaque dénerée de terre à la mesure du dit Monflanquin pour 6 deniers d'oblies annuels et pour 6 deniers d'acapte au changement de seigneur, et hors des mêmes bornes pour 4 deniers d'oblies par "dénerée" et 4 deniers d'acapte au changement de seigneur, excepté les terres qu'ont le dit abbé et son couvent dans les granges de Grosmaurou et de la Barde, que le dit seigneur abbé a retenu à l'usage de son monastère".

"Le dit seigneur abbé et les dits seigneurs sénéchal et Bertrand et Arnaud de Mons, son frère, se sont mutuellement promis par ferme et légitime stipulation, que tout et particulier ils garderont, conserve­ront, tiendront et aussi rempliront de bonne foi, sans aucun retard sans dol, ni fraude". "Cela a été fait sur la dite montagne ou coteau de Castillonnès, le premier mardi après la fête de la Nativité de la Bienheureuse Marie, l'an du seigneur 1259. De ce témoins sont: nobles hommes Arnaud de Montégut, Grimoald de Balencs, Bertrand de la Vitarelle et Gautier de Rampoux".

"Et pour que dans la suite, il ne s'élève aucun doute sur la présente concession, nous dits abbé et sénéchal avons scellé les présentes lettres de nos sceaux, et nous dits Bertrand et Arnaud de Mons, frères, n'ayant pas nos propres sceaux, nous sommes con­tentés des sceaux des dits seigneurs sénéchal et abbé",

 

"Fait et donné l'an et le jour sus désignés."
 
En résumé, ce contrat qu'est l'acte de paréage est une association à bénéfices réciproques qui satisfait tout le monde, ou presque:
- Le comte de Toulouse renforce et étend son autorité et va percevoir des impositions et redevances fort intéressantes.
- L'abbaye de Cadouin et les frères de Mons vont pouvoir tranquillement mettre en valeur des terres incultes ou ravagées par le banditisme et augmenter ainsi leurs rentes.
- Les paysans des alentours vont trouver à la fois sécurité, liberté et limitations de leurs taxes.
Les seuls qui se sentiront lésés et qui le feront vite savoir, sont les petits seigneurs et chevaliers des environs qui devront se soumettre à la double autorité du comte et de l'abbé de Cadouin, et faire des concessions à leurs paysans.
 
Tiré de l'excellente étude de la charte et du paréage dans 
"Castillonnès, les origines de la bastide" - Hoare L.J. , éd. CEB 1990
Pour consulter la charte de Castillonnès.